Mardi 8 Octobre 2024
Et si nous n’attendions pas la retraite pour être heureux ?
Peut-on être heureux au travail ? Vaste sujet.
Commençons par questionner la notion de bonheur en elle-même.
Pour le philosophe Aristote, le bonheur est un concept que nous devons placer au centre de nos vies. Dans son ouvrage Éthique à Nicomaque, il défend l’idée que le bonheur n’est pas un simple état émotionnel de plaisir ou de satisfaction, mais plutôt un état d’accomplissement global, que nous devons sans cesse chercher au cours de notre vie humaine.
Si, en éternels optimistes, nous avons très envie d'affirmer qu’il est possible de faire du bonheur sa priorité, cela n’est pas sans difficulté.
Dans nos univers professionnels, notamment, la question du bonheur est particulièrement complexe.
En 2023, 44% des salariés se trouvaient en situation de détresse psychologique selon un baromètre effectué par Opinionway, soit 3 points supplémentaires par rapport à l’année précédente. Les indépendants et chefs d’entreprise ne sont pas en reste, puisque 88% d’entre eux affirment ressentir du stress au travail en 2024.
Malgré ces chiffres préoccupants, nous pouvons en tirer une leçon positive : nous sommes de plus en plus nombreux à verbaliser notre mal-être au travail, à libérer la parole, afin de chercher à améliorer notre environnement professionnel.
C’est un fait : notre société a radicalement changé et notre rapport au travail avec.
Revenons près d’un siècle en arrière : à l’heure des deux grandes guerres mondiales, le concept de bonheur était totalement en dehors de l’équation. Il fallait travailler tant bien que mal, lorsque cela était possible, et tenter de survivre. Nul temps de penser au reste !
Puis, sont arrivés les baby-boomers, dans une société en pleine reconstruction : le travail était centré autour d’une logique pécuniaire. Les citoyens avaient pour mot d'ordre de recréer un monde détruit par la belligérance, en bâtissant la société de demain.
Pour cette génération, l’idée de bonheur n’est arrivée qu’en fin de carrière, à l’heure de la retraite, après avoir offert leurs bons et loyaux services à la société.
Pour la génération Y, née dans les années 1980/1990, la donne change. Les Trente Glorieuses et le plein emploi laissent place aux crises socio-économiques et, plus tard, à la crise environnementale.
Ces événements nous rendent plus anxieux : nous avons peur de ne pas trouver un emploi ou de devoir accepter quelque chose qui ne nous convient pas, à défaut de trouver mieux.
À cela s’ajoute un questionnement sur le sens même de nos métiers.
Comment évoluer dans un monde en proie au réchauffement climatique et aux crises sociétales toujours plus nombreuses ?
Quelle utilité trouvons-nous à effectuer des bullshit jobs, ces emplois vides de sens, apparus dans notre société productiviste, qui n’ont aucune utilité concrète ?
La nouvelle génération de travailleurs sur le marché professionnel verbalise haut et fort ces questionnements. De facto, les “Z” font leurs premiers pas dans un monde encore plus incertain, fragilisé par la pandémie, ce qui les pousse à placer le bonheur au travail au cœur de leur existence.
Exit les individus dévoués à la même entreprise durant 40 ans, la nouvelle génération de salariés et d’indépendants veut travailler dans un cadre épanouissant.
Nos métiers évoluent et seront potentiellement amenés à disparaître avec l'épuisement des ressources et/ou l'arrivée des intelligences artificielles.
En parallèle, nous sommes de plus en plus pressurisés sur nos lieux de travail (à cause du manque de main-d'œuvre, de la surproductivité, de la précarisation des métiers…). De facto, nous avons du mal à nous projeter.
Alors, nous réinventons nos métiers, notre rapport à l'emploi et notre façon de travailler, pour trouver un moyen de naviguer dans ces eaux troubles.
Bonne nouvelle, nous y arrivons très bien !
Il existe une multitude d’outils et de moyens pour aller mieux et nous mettre en quête du bonheur, comme l'aurait voulu Aristote.
Justement, c'est tout l'objet de cet épisode.
Dépression, mal-être au travail : pourquoi sommes-nous de plus en plus nombreux à lever le voile ?
Dire : “je ne vais pas bien”, “je suis en burn-out”, “je fais une dépression”, dans le cadre de son travail est quelque chose de relativement récent.
Ces dernières années, un nombre croissant de personnes ont témoigné de leur détresse psychologique. L’ère de l'entrepreneur à qui tout réussit a laissé place à celle de la “vraie vie”, comportant son lot de joies, mais aussi d'embûches.
Dans son livre Jusqu'ici tout va mal, l'influenceuse Louise Aubery aborde ouvertement son mal-être et les conditions difficiles de sa vie d’entrepreneure, loin des paillettes.
À son image, un nombre croissant d’indépendants n'hésitent pas à montrer les failles de leur quotidien sur les réseaux sociaux et les solutions qu'ils tentent de mettre en place pour remonter la pente.
Alexandre Dana, co-fondateur de LiveMentor en parle dans son ouvrage Entreprendre et (surtout) être heureux, récoltant les témoignages de près de 10 000 entrepreneurs parlant de leurs souffrances au travail.
Bilan des courses : près d’un répondant sur trois classe l’anxiété récurrente comme la raison principale de ses souffrances d’entrepreneur. La santé financière et la gestion de son entreprise sont motifs d’anxiété, affectant l’esprit et/ou le corps. Alexandre évoque les résultats de cette enquête exclusive dans son interview parue dans ce numéro d’Odyssées, consacré au bien-être.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes, le bonheur au travail est en train de devenir notre priorité.
D'après une étude réalisée en 2022, 61% des employés français considèrent que le bonheur au travail est plus important que le salaire. Un autre sondage datant de 2024 nous montre que 60% des freelances affirment que la qualité de vie à été un facteur décisif dans leur passage à l'indépendance.
C'est précisément dans ce contexte qu'est né le “quiet quitting”, une façon de dire : j'ai besoin de reconnaissance et je veux être heureux au travail.
Le quiet quitting ou démission silencieuse
Le quiet quitting est un phénomène qui consiste à se désengager progressivement de son job, parce que nous ne nous sentons pas reconnus à notre juste valeur.
Dans cet article consacré à la démission silencieuse, la psychologue Stefanie Selen nous explique qu'à force de ne pas se sentir écoutés, les employés commencent à ressentir un sentiment d'inutilité dans l’entreprise et que leur parole n'a pas de poids.
Ce manque de reconnaissance conduit certains à la démotivation progressive, se traduisant par un lent décrochage, jusqu'à ne plus rien faire du tout.
Alors, comment fait-on pour éviter d'en arriver à ce stade ? “Il faut créer une sécurité psychologique”, recommande Stefanie Selen.
Conseil n° 1 : Nommez ce qui ne va pas
La psychologue nous avertit : miser sur son bien-être ne revient pas à faire “des cours de yoga et quelques activités feel good”. Ce sont des activités complémentaires que vous pouvez envisager pour activer vos endorphines et évacuer un peu de stress.
Cependant, pour faire réellement évoluer vos conditions de travail, il faut commencer par nommer ce qui ne va pas.
“Souvent, les quiet quitters sont ceux qui n'ont pas eu la possibilité de verbaliser leurs besoins”, poursuit la psychologue.
Plus facile à dire qu'à faire, nous direz-vous, en particulier lorsqu’on est un travailleur indépendant et que l’on évolue seul dans son milieu professionnel (pas de RH, ni de psychologue du travail ou de collègues à qui se confier).
On a tendance à être au four et au moulin (gérer les factures, faire de la prospection, jongler entre les missions) et notre état psychologique passe souvent bien en dessous de la pile.
Notre conseil : ne remettez pas à demain votre bien-être.
Dès que vous constatez des signes avant-coureurs d'anxiété ou de dépression, n'attendez pas que le mal-être fasse son nid.
Michel Gollac, sociologue et spécialiste des conditions de travail, nous propose plusieurs indicateurs pour identifier ce que l'on appelle les risques psychosociaux, c'est-à-dire l'exposition à certaines conditions de travail ayant des effets néfastes sur notre santé physique et mentale.
Voici quelques-uns des indicateurs à garder en tête pour prendre votre température psychologique :
- Votre intensité de travail : combien d'heures par jour travaillez-vous ? Avez-vous pris de vraies pauses cette semaine ?
- Vos relations sociales : voyez-vous du monde ou êtes-vous isolé la plupart du temps ?
- Votre autonomie : avez-vous la sensation que vos missions vous sont imposées ou avez-vous la main dessus ?
- Votre sécurité : est-ce le sentiment de peur qui prédomine lorsque vous effectuez votre travail (notamment la peur de perdre une mission, votre emploi…) ou, au contraire, êtes-vous plutôt serein ?
Prenez le temps de vous poser ces questions, afin d'évaluer de manière concrète votre épanouissement professionnel et votre bien-être au travail.
Si, suite à cela, une ribambelle de questions vous envahit (suis-je vraiment heureux au travail ? Ai-je suffisamment de temps pour moi ? Est-ce que mes missions me suffisent ?) : accueillez-les !
Cela peut être l'occasion de faire un bilan de compétences pour évaluer vos besoins.
Garance & Moi, le 1er cabinet de bilan de compétences dédié à la carrière des femmes, vous propose des accompagnements 100 % en ligne à ce titre.
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Parfois, nous disent Marie Kondo, célèbre consultante en rangement, et Scott Sonenshein, psychologue organisationnel, le manque d’épanouissement au travail trouve son origine dans notre manque d’organisation.
Conseil n° 2 : Organisez votre espace
Dans leur ouvrage, La magie du rangement au travail, publié en 2020, les deux auteurs mettent en lumière l’importance de l’ordre dans nos espaces de travail pour nous sentir plus accomplis.
Selon eux, en réagençant nos espaces de travail - notamment en supprimant le superflu qui encombre nos pensées - notre esprit devient plus clair, nous gagnons en productivité et, en fin de compte, en positivité.
Marie Kondo suggère de commencer par une action simple : désencombrer son bureau.
Enlevez tout ce qui vous semble inutile (paperasse, bibelots, etc.) en vous posant la question suivante : ces objets m’apportent-ils de la joie ? Cela prévaut aussi bien pour les objets physiques que pour les objets numériques.
Pour vous aider dans ce tri, les experts recommandent de ranger par catégorie plutôt que par localisation : livres, matériel informatique, papiers, objets divers, etc.
Cela vous permettra d’avoir une vision d’ensemble de ce que vous possédez et d’éviter les doublons, donc le superflu.
En complément, cela vous aidera à vous concentrer sur une catégorie d’objets à la fois et à ne pas être distrait par une multitude d’éléments : votre cerveau procède étape par étape.
Au-delà de l’organisation, le temps est un facteur précieux, contribuant au sentiment de joie au travail.
Être heureux, c’est aussi savoir prendre le temps de bien faire les choses, nous explique l’auteur Jean-Jacques Servan-Schreiber, dans son ouvrage L’Art du temps.
Conseil n° 3 : Prenez le temps de prendre le temps
Dans une interview accordée au Monde, Jean-Jacques Servan-Schreiber nous livre l’éclairage suivant :
“ Le temps est ce que nous avons de plus précieux : c’est la seule chose qui passe quoi qu’on fasse. Qu’on l’utilise bien ou qu’on le gâche, tout s’inscrit dans le temps. En l’oubliant, on risque sans cesse de passer à côté de notre vie. Et ce d’autant que notre stock de temps se réduit dans la seconde partie de la vie…”
Avec l’arrivée des nouvelles technologies, nous faisons tout plus vite et “nous sommes précipités avec boulimie sur tout ce que nous pouvons faire”, poursuit l’auteur.
“ Nous nous comportons comme si le temps était flexible alors qu’une journée ne fera jamais plus de 24 heures. Le temps s’est également fractionné : les sollicitations multipliées par les moyens techniques dont nous disposons font que nous sommes interrompus en permanence. Ce temps explosé explique, d’une certaine manière, l’essor des pratiques méditatives qui permettent de retrouver l’ampleur du temps intérieur.”
Notre recommandation : même si cela vous semble compliqué, ne négligez pas l’importance de la pause, pour éviter la surcharge mentale, grande responsable de notre stress et de notre anxiété.
Prenez ne serait-ce que 5 minutes par jour pour ne rien faire. Pas même parler. Restez en silence et essayez de ne penser à rien.
Vous le constaterez, s’il est difficile d’éliminer toutes les pensées de notre tête, nous pouvons toutefois les voir comme des étoiles filantes : elles traversent notre esprit mais ne restent pas.
Balayez ces entrants, pour faire le maximum de place au vide. Vous verrez, on se sent bien.
Nous voilà déjà à la fin de cet épisode.
Qu’en avez-vous pensé ? Vous a-t-il mis en joie ? Auriez-vous des recommandations à nous faire pour alléger nos quotidiens professionnels et faire entrer un peu de bonheur dans nos écosystèmes ? Dites-nous tout…
À dans deux semaines pour un prochain épisode,
La rédaction Mission : Reconversion !
Un mardi sur deux, un email pour réussir une reconversion professionnelle dans votre zone de génie
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