La magie des reconversions en douceur

Dans l’imaginaire collectif, la reconversion professionnelle débute souvent de manière théâtrale, presque scénarisée.

Vous aussi avez peut-être en tête cette scène de film où cette personne en tenue de travail débarque en pleine réunion pour annoncer qu'elle quitte ses fonctions en faisant tomber un lourd dossier d’où s’échappe un jet de poussière fumant, puis repart avec classe, un sourire malicieux se dessinant sur son visage, en laissant derrière elle un public ahuri.

Nous spectateurs, avons la sensation qu’un immense poids s’est dégagé de ses épaules… Sauf que, dans la vraie vie, c’est plus compliqué que ça de quitter son job : nous ne pouvons pas tous nous permettre de claquer la porte au nez de notre boss de bon matin.

Bonne nouvelle, la reconversion peut aussi se faire en douceur.

Si vous nous lisez, c'est que vous envisagez de près ou de loin une reconversion professionnelle. Aujourd’hui, nous aimerions vous rappeler : vous n'êtes pas contraints de tout plaquer du jour au lendemain pour passer le cap.

Lorsque cela arrive, c’est généralement que nous avons atteint un point de non-retour. Nous nous sentons en apnée et nous finissons par quitter un environnement dans lequel nous ne pouvons tout bonnement plus respirer.

Chez LiveMentor, nous faisons fréquemment ce constat auprès des milliers d’entrepreneurs qui suivent nos formations. Avant de quitter leur emploi, beaucoup d’entre eux n’ont pas eu suffisamment de temps pour réfléchir à ce qu’ils pourraient changer pour progresser et s’épanouir dans leurs projets.

Notre acolyte et collaborateur sur cette newsletter, Garance & Moi (1er cabinet de bilan de compétences dédié à la carrière des femmes proposant des accompagnements 100% en ligne) nous rejoint sur ce point. Bien souvent, nous ne bénéficions pas d’un accompagnement suffisant lors de nos reconversions, et nous n’avons pas toutes les clés en main pour emprunter ce chemin sereinement, sans avoir à tout quitter brutalement.

Et si nous vous disions, justement, qu’il existe d’autres moyens de procéder ? En vous appuyant, à la fois, sur vos propres ressources, mais aussi sur la force du groupe. En libérant la parole, tout en réenvisageant votre vision du changement.

Grâce à l’éclairage d’experts, de rêveurs, d’aventuriers et de ceux qui font l’éloge de la lenteur et de la réflexion, nous vous livrons quelques outils pour vous reconvertir sans y perdre toutes vos plumes (voire, en gagnant un plumage tout neuf).

Reconversion : de quoi parle-t-on exactement ?

Selon le dictionnaire de l’Académie Française, la reconversion est « une transformation par laquelle on adapte quelque chose à une situation ou une activité nouvelle ».

La question étant de savoir : comment opérons-nous cette transformation pour atteindre notre destination finale ? De quelle manière intégrons-nous cette situation nouvelle et à quel rythme ?

Se reconvertir ne rime pas forcément avec courir

Nous l’abordions en préambule, bon nombre d’entre nous s’imaginent que la reconversion doit se faire dans l’urgence.

Nous devons quitter ce job, lancer ce nouveau projet, car nous n’avons pas le temps, nous n’en pouvons plus, nous nous sommes fixé une deadline... Il nous faut lever des fonds et vite, trouver un local pour développer nos actions, démarrer une nouvelle formation le mois prochain, etc. Bref, nous n’imaginons pas que la reconversion puisse se faire dans un rythme moins soutenu, en ralentissant quelque peu les aiguilles de nos montres.

Dans le numéro d’Odyssées consacré à l’art de la métamorphose, Mathias Savary nous livre une approche très pertinente à ce sujet, en analysant la façon dont les métamorphoses s’opèrent au sein de notre société. Selon lui, nous sommes souvent contraints à aller beaucoup trop vite lorsque nous songeons à nous reconvertir, de par notre environnement, qui nous oblige à nous mouvoir à toute allure, sans véritablement réfléchir à ces mutations.

« Nous vivons dans une société en constante métamorphose. La transformation semble même aller de plus en plus vite. Et il ne s’agit pas simplement de l’émergence de nouvelles technologies, mais bien de bouleversements économiques, de mutations structurelles, où les banques d’un seul pays peuvent déstabiliser l’ensemble du système financier planétaire (…). Une succession de métamorphoses subies, qui peuvent nous faire sentir comme des pions d’un immense échiquier. »

Il n’existe pourtant pas de fatalité, comme nous l’explique Mathias, car rien n’est jamais joué d’avance, ni définitif. Nous avons toujours la possibilité de reprendre le gouvernail et de naviguer dans notre processus de reconversion, à notre rythme.

Contrairement à ce que nous pourrions croire, « il ne faut pas chercher à résister au changement », poursuit Mathias. Au contraire, il faudrait trouver un moyen de faire corps avec lui.

Le temps presse et il vous reste un mois pour utiliser votre compte formation ?

Voyez cela comme une opportunité pour faire le point sur votre agenda et trouver une façon de mieux vous organiser, notamment en priorisant vos tâches (certaines sont moins urgentes que d’autres). Il vous suffira de consacrer 30 minutes par jour à vos recherches, soit l’équivalent de 15 heures en 30 jours ; c’est largement suffisant !

Vous devez présenter votre projet de reconversion à votre RH dans moins d’une semaine ? C’est parfait ! En ayant moins de temps pour vous préparer, vous dégagez le superflu et vous ne dégagerez que l’essentiel.

En somme, plutôt que de voir le temps comme votre ennemi, faites-en votre acolyte. À ce propos, n’hésitez pas à aller chercher des aides extérieures. Sollicitez les conseils et feedbacks de vos proches, collègues… À plusieurs, on ne ralentit pas le temps, mais on l’emploie mieux.

Envisager la reconversion comme une maturation

Ça n’est pas parce que notre société avance à vitesse grand V que nous sommes obligés de jouer les pilotes de Formule 1.

Prenons un exemple : depuis ce stage à l’été 2021, vous rêvez de vous reconvertir dans la menuiserie. Il se trouve qu’un organisme vous propose ENFIN d’accéder à cette formation à laquelle vous aspirez, de façon complètement inattendue.

Premier hic : vous êtes sur un gros projet au travail. Un projet que vous maturez depuis longtemps et que vous avez créé de toutes pièces (finalement, c’est un peu votre bébé). Vous serez donc dans l'obligation d’abandonner l'équipage, pour intégrer cette nouvelle structure.

Seconde épine dans le pied : cela signifie que vous allez devoir renoncer à une source de revenus importante dans les 12 prochains mois, pour vous consacrer pleinement à votre apprentissage qui, lui, sera payant.

Traduction : vous allez droit vers votre objectif, mais sans bouée de sauvetage, en abandonnant un édifice que vous avez construit de vos propres mains, tout en précarisant vos ressources.

Alors que faire ? Renoncer pour vous préserver ? Loin de nous cette idée.

Vous pourriez envisager la reconversion comme une « maturation ». Le changement peut être vu comme un processus plus lent et non une transformation subie de plein fouet, qui vous oblige à jouer au cascadeur sans aucun encordage.

Plutôt que de vous précipiter vers cette opportunité, certes, merveilleuse, commencez par peser tous les éléments sur la balance. Cette nouvelle direction vous offrira probablement l’épanouissement dont vous avez besoin et le sens que vous recherchez. En revanche, elle vous force à vous mettre dans l’inconfort, à de nombreux égards.

Quels outils pour mieux appréhender sa reconversion ?

#1 Apprendre à verbaliser ses besoins

Pour réussir à opérer un changement quel qu’il soit, il est important de pouvoir verbaliser ses besoins dans son environnement de travail.

Pour pouvoir libérer ce temps, il faut avoir la possibilité d’en parler à son manager, ou sa RH. Dans la majorité des cas, nous n’osons pas, car nous avons peur de ne pas être entendus ou d’être jugés.

À travers ses accompagnements auprès de femmes entrepreneures, Garance & Moi constate que cette crainte touche particulièrement les collaboratrices, qui, victimes du syndrome de l’imposteur, ne se sentent pas légitimes à verbaliser leurs besoins (si vous vous reconnaissez dans ce schéma, nous vous invitons à consulter leur article de blog très intéressant à ce sujet, juste ici, qui vous donne des conseils pour vous aider à vous en libérer).

Pourtant, nous sous-estimons souvent le pouvoir d’une conversation franche, sincère et authentique. Bien sûr, il convient de réfléchir à comment verbaliser cette demande. Vous pourriez, par exemple, expliquer à votre N+1 qu’en entamant cette formation, vous gagnerez en épanouissement personnel et que, in fine, vous gagnerez en motivation au travail. Présentez cette nouvelle situation comme un bénéfice à votre interlocuteur, et non comme une contrainte.

#2 Le job crafting, ou comment envisager sa reconversion de l’intérieur

Pour appréhender le changement de manière plus sereine, Anaïs Georgelin, experte des nouveaux rapports au travail, nous propose un concept innovant : le job crafting.

D’après une étude réalisée en 2021 par The Workforce Institute, un français sur trois préfère démissionner plutôt que d’exprimer ses problèmes au travail.

C’est précisément pour pallier ce manque de communication et de reconnaissance qu’Anaïs fonde somanyWays, pour injecter du sens dans nos quotidiens professionnels. Son objectif ? Mettre l’épanouissement professionnel au cœur de nos métiers, au lieu de le considérer comme la petite cerise sur le gâteau.

Dans le numéro 37 d’Odyssées consacré à la quête de sens, l’entrepreneuse nous explique qu’avant de songer à quitter son job pour se reconvertir ailleurs, nous pourrions imaginer des façons de remodeler notre travail. Un peu à la manière d’un architecte qui donnerait une nouvelle perspective à sa maison, avec de nouvelles fondations.

Anaïs appelle cela le job crafting, ou l’art de façonner son travail. Plutôt que de mettre toutes vos cartes sur le tapis, essayez de voir comment faire coïncider vos besoins avec votre job actuel. Ainsi, vous ne renoncez pas à vos rêves, en envisageant la reconversion d’une autre manière.

La fondatrice de somanyWays nous recommande pour cela d’adopter une nouvelle vision du travail : « Le principal pilier repose sur une croissance approfondie de soi : savoir ce que l’on veut, ce que l’on ne veut plus et faire des petits pas au quotidien pour mieux choisir ses missions, ajuster son organisation de travail, ou améliorer ses relations avec ses clients ».

Parfois, il est préférable d’épouser le changement, en intégrant nos besoins à votre situation actuelle, plutôt que de tout abandonner.

Remettons-nous à la place de notre menuisière ou menuisier en devenir : existerait-il une façon d’intégrer un travail manuel à votre job, par exemple l’organisation d’ateliers hebdomadaires, pour fédérer les équipes ? Pourriez-vous envisager le mécénat de compétences, afin de dégager plusieurs heures par mois chez un menuisier professionnel, avec l’aide de votre employeur ?

Vous l’aurez compris, la question du temps, dans la reconversion, est centrale, mais ça n’est qu’une question de réaménagement.

Pour cela, examinez de près votre agenda en le disséquant, point par point. Peut-être que cette réunion administrative hebdomadaire pourrait être bimensuelle, peut-être que vous pourriez commencer une heure plus tôt (avant que tout le monde arrive au bureau), un collègue pourrait éventuellement vous donner un coup de pouce sur la newsletter…

Anaïs précise que « cette modélisation invite à penser sa vie de manière séquencée ; à savoir un instant t, là où se trouve notre levier de sens prioritaire. Répondre à ce besoin principal, même s’il implique de réduire certaines de mes attentes, justifie mes choix professionnels et me permet de retrouver du sens. »

Vous n’aurez peut-être pas intégré votre formation à plein temps comme vous le souhaitiez à l’origine. Néanmoins, vous aurez réajusté votre mode d’organisation pour pouvoir tout de même y accéder, sans pour autant lâcher tous vos filets de sécurité. Une fois votre formation réalisée, vous pourrez alors, si vous le souhaitez, passer le cap de l'entrepreneuriat et vous lancer dans l’aventure, avec un bagage plus solide.

#3 ... En vous renseignant sur vos droits

Revenons à cette idée de se lancer dans une formation sans apport économique. Sachez qu’il existe des moyens de sécuriser financièrement votre reconversion.

Comme nous le rappelle LiveMentor dans son article de blog consacré aux financement des formations, vous avez mille et une possibilités d’entamer votre reconversion sans avoir à vider l’intégralité de votre bas de laine. Il existe différentes possibilités pour financer votre reconversion, telles que :

• Le CPF ou compte personnel de formation. Il s’agit d’un dispositif de financement public pour la formation continue, auquel vous avez droit en tant que salarié, indépendant ou profession libéral.
• Les aides provenant d’organismes extérieurs, comme la Caisse des Dépôts et consignations (CDC) ou les OPCO (opérateurs de compétences)
• Des aides provenant directement de votre employeur, grâce à une plateforme spécifique : l’EDEF (Espace des Employeurs et des Financeurs)

#4 Et en faisant le bilan sur vous-même

Enfin, avant de foncer tête baissée vers la reconversion, il peut être judicieux de vous poser un moment et de réfléchir à vos envies.

Est-ce que c’est le bon moment pour me lancer ? Est-ce que le choix que je prends correspond vraiment à mon domaine de compétences ? Est-ce que je sais où je veux aller ? Vous n’êtes pas obligé d’avoir toutes les réponses !

Pour vous aiguiller dans cette affaire, Garance & Moi vous propose de réaliser un bilan de compétences. Cela vous aide tout simplement à placer le curseur sur vos envies, vos aspirations et voir si la direction que vous souhaitez prendre est alignée avec vos besoins. C’est ce que nous confirme Gabrielle, en nous partageant son expérience avec Garance :

« J’ai exercé le métier de kinésithérapeuthe-ostéopathe pendant 18 ans. A un moment donné, j’ai réalisé que je commençais à m’ennuyer dans mon travail, malgré la réduction de mes jours de consultation. Grâce à Garance & Moi, j’ai pu élargir mes horizons : j’ai eu le coup de foudre pour le monde agricole, en me lançant dans la création d’une AMAP à Paris. Le fil s’est déroulé et j’ai intégré une start-up en énergie verte en tant que chargée de communication, puis un think tank agricole en tant que responsable communication. Je me sens pleinement épanouie dans ce nouveau job ! »

Moi aussi, je commence mon bilan

Moralité : c’est aussi en prenant le temps d’explorer les pistes qui s’offrent à vous et en réimaginant vos quotidiens que vous trouverez des éléments de réponse. Rien ne sert de courir, il faut partir à point, nous rappelait un certain Jean de La Fontaine.

Avant de nous dire au revoir, nous aimerions en savoir plus sur vous. Parlez-nous de vos reconversions : comment les avez-vous vécues ? Quels outils avez-vous mis en place pour atteindre vos objectifs ? Quel frein rencontrez-vous ? Quel cap n'arrivez-vous pas à passer ? Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Cela nous permettrait de mieux cerner vos besoins et nourrir nos réflexions pour les prochaines newsletters. La parole est à vous !

À très vite,

La rédaction Mission : Reconversion !

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Un mardi sur deux, un email pour réussir une reconversion professionnelle dans votre zone de génie

Démarrer une nouvelle vie, c’est possible ! Dans cette newsletter, nous vous partageons des outils éprouvés pour trouver vos forces, faire disparaître la peur d’échouer et construire un projet aligné avec vos valeurs.

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