Mardi 25 Mars 2025
Et si on laissait le temps au temps ?
Bien souvent, nous voyons la reconversion ou le développement de nouveaux projets professionnels comme une urgence.
Chez LiveMentor, nous avons vu tant de salariés se précipiter vers une nouvelle voie professionnelle, excédés (à titre légitime) par leur travail, cherchant une issue de secours.
Nous avons également observé ces entrepreneurs avec une idée tout droit sortie du four, impatients à l’idée de la voir naître et de la développer, le plus rapidement possible. Il en découle des réactions très précipitées : “il faut partir maintenant”, “je n’ai plus le temps”, “j’ai besoin de changement tout de suite” se disent-ils.
Alors, ils quittent leur job, du jour au lendemain, sans forcément avoir anticipé ce changement de vie.
Si nous entendons tout à fait ce besoin de quitter un milieu professionnel lorsqu’il ne nous convient plus ou de lancer un projet tant qu’il est encore frais, nous décelons tout de même un problème.
Partir vite, cela signifie souvent atterrir mal, sans vraiment réfléchir à la suite.
Résultat : nous entamons notre reconversion sur des fondations bancales, avec un budget parfois très juste, car nous n’avons pas pris le temps d’anticiper les choses d’un point de vue financier.
Cela implique, par exemple, de faire des petits boulots à côté, car nous ne nous sommes pas suffisamment renseignés sur les financements de formation.
Nous manquons alors de temps pour suivre ladite formation, que nous essayons de rattraper le weekend, pour finir sans aucun temps de repos. En somme, le temps devient notre pire ennemi !
Cerise sur le gâteau, nous sommes abreuvés de comptes sur les réseaux sociaux où les créateurs de start-up ont l’air d’atteindre le succès “comme par magie” (ce jeune porteur de projet qui a ouvert son café-ressourcerie en moins de 3 mois, cette électricienne qui a révolutionné le marché en un coup de buzz…).
Premièrement, nous vous le disons souvent dans cette newsletter : attention aux paillettes !
Deuxièmement, et si, plutôt que d’agir dans la précipitation, nous anticipions un peu ? Et si nous laissions le temps au temps ?
Nous avons bien conscience que lorsque nous avons une nouvelle idée, nous avons envie qu’elle marche vite et que nous puissions la crier sur tous les toits. Néanmoins, pour que cette idée soit viable et tienne sur le long terme, il est judicieux de nous sécuriser, dans tous les sens du terme (au niveau matériel, psychologique, affectif…).
L’objectif final étant de poser votre nouveau projet sur une base saine, avec les voyants au vert.
Voici quelques conseils et témoignages impactants dans cette optique. On part là-dessus ?
Le mythe de la performance : pourquoi les Grecs nous ont-ils fait du mal ?
Au VIe siècle avant J.-C., dans l’Antiquité grecque, naît ce que nous appelons communément aujourd’hui le sport.
Dans la cité émerge une nouvelle icône sociale : l'athlète, à la musculature imposante, remportant les tournois sportifs à tour de bras, en quelques minutes chronos.
Des forces de la nature comme Tissandre de Naxos, Milon de Croton ou encore Théagène de Thasos sont portées aux nues : à l’image des dieux grecs, ils sont glorifiés pour leur performance surhumaine.
C’est l’heure des grandes compétitions “considérées comme les plus prestigieuses du monde grec : les Jeux olympiques à Olympie, en l’honneur de Zeus, les Jeux isthmiques à Isthmia, en l’honneur de Poséidon, les Jeux néméens à Némée, en l’honneur de Zeus, et les Jeux pythiques à Delphes, en l’honneur d’Apollon.” nous explique Xavier Mauduit, dans l’épisode Bouge toi le culte ! Des athlètes et des dieux dans la Grèce antique (issu du podcast Au cours de l’histoire).
Au gré des siècles, les stades sont de plus en plus pensés pour mettre en scène les événements spectaculaires : le show doit être grandiose. Les athlètes sont ainsi sélectionnés minutieusement, afin de garantir la plus haute des performances.
Quel rapport avec notre sujet du jour, nous demanderez-vous ?
Nous vous parlons ici, précisément, de notre rapport au temps et comment il a été façonné !
La culture du “tout, tout de suite, maintenant”
Ces shows grandioses dont nous vous parlions à l’instant répondaient à une demande du public : en avoir pour son argent avec des mises en scènes époustouflantes où, rapidement, la scène devenait explosive et le héraut battait son adversaire à plate couture.
En quelques minutes, la sauce montait et le public était rassasié. Au fil des âges, cette culture de la performance est devenue de plus en plus véloce.
Les progrès technologiques nous ont permis de faire les choses de plus en plus vite, de monter en compétences de plus en plus rapidement et d’obtenir ce que nous voulions en un tour de pouce, quel que soit le domaine (candidater pour un job en un rien de temps, dévorer une série en un weekend, faire 5 dates en une semaine…).
En bref, notre rapport au temps n’a fait que s’accélérer en parallèle à l’évolution de notre société et de nos besoins.
Quel impact sur nos modes de vie ?
Nous avons intégré le fait que pour passer des étapes, apprendre de nouvelles compétences, changer de secteur, cela devait être rapide.
Nous avons oublié que parfois, changer, cela demande du temps.
Le témoignage de Frédéric Mazzella, fondateur de Blablacar
Lorsqu’il a démarré l’aventure Blablacar, pionnier du covoiturage en France, Frédéric Mazzella a dû faire preuve de patience.
Après avoir étudié à la prestigieuse université de Stanford, en Californie, il rejoint une startup américaine dans laquelle il travaille quelques années, avant que n’émerge l’idée de Blablacar, lors d’un trajet entre Paris et la Vendée.
Simplement, entre l’émergence de son idée et sa concrétisation se sont écoulées quelques années ! Convaincu de l’importance de démocratiser le covoiturage, un mode de déplacement encore très à la marge à l’époque, il travaille dur sur ce projet.
Pourtant, les débuts sont difficiles. Il manque de moyens, galère et peine à faire décoller ce projet. Frédéric passe de longues heures à coder seul, dans son salon avec son chat… durant près de 6 ans !
“Tous les jours, on se demande si l’on a raison de persévérer ou si l’on est fou. Jusqu’au moment où les chiffres sont enfin là… C’est amusant, car la perception de l’entourage change. Au début, on est confronté à beaucoup de méfiance, un manque de considération, de prise de sérieux, même. Et puis quand les résultats sont là, ce sont souvent les mêmes personnes qui disent : « Oh, mais c’est évident que ça devait marcher ! » J’ai entendu tellement de gens m’expliquer en long, en large et en travers pourquoi ils ne feraient jamais de covoiturage, et puis finir par m’envoyer un message disant : « J’ai fait mon premier covoit’, c’était génial ! »” confie le fondateur de Blablacar dans le cadre d’une interview du magazine Odyssées, pour une édition consacrée au temps.
En somme, nous explique Frédéric, il faut intégrer la notion de doute et de peur dans notre processus.
Bien sûr que le risque zéro n’existe pas et bien sûr qu’il est possible que notre aventure n’aboutisse pas. Toutefois, pour nous motiver à avancer malgré ces craintes, l’entrepreneur nous préconise de ne plus voir le temps comme une ligne droite.
“A l’école, on nous apprend à penser le temps comme ayant une efficacité linéraire : si j’ai passé une heure à étudier ou faire quelque chose, je connais ou j’ai fait l’équivalent de 1, c’est-à-dire du temps que j’y ai passé. Or, il y a certains temps qui ne peuvent pas se penser de façon linéaire. Lors de déblocages intellectuels ou de phases de créativité, par exemple, on passe d’un coup de zéro à un, sans que cela puisse se mesurer en temps « normal ». Parfois ça prend une seconde, parfois un an. C’est pareil en entreprise : il y a des domaines qui ne sont pas linéaires par rapport à l’effort fourni.”, agrémente-t-il.
Dans le cas de Frédéric, le jeune homme dut attendre plusieurs années avant de pouvoir se verser son premier salaire et plusieurs années encore pour développer son activité grâce à une importante levée de fonds, qui lui a permis d’exporter Blablacar à l’international.
Mais alors, comment faire pour prendre ce temps nécessaire, sans ajouter une charge mentale supplémentaire ? Comment laisser le temps au temps ?
Conseil nº 1 : Patience est mère de vertu
Bien souvent, nous voulons aller vite, car nous nous faisons une idée d’une belle carrière, du succès que nous pourrions remporter.
Combien de fois avons-nous vu des entrepreneurs et entrepreneuses, lors de nos formations, s’impatienter car leur projet ne décollait pas ?
Nous ne les blâmons pas, car nous sommes nombreux à vouloir vivre de notre passion et concrétiser ce rêve rapidement. Bien sûr qu’il est bon de rêver et de voir grand !
Peut-être que nous pouvons néanmoins voir grand progressivement ?
A l’image de Frédéric Mazzella, certains entrepreneurs doivent laisser infuser leur projet avant de le voir éclore.
Comme il nous le rappelle, bien souvent, notre stress provient de ce que nous ne contrôlons pas. Nous n’arrivons pas à savoir quand nous obtiendrons cette levée de fonds, quand ces investisseurs nous répondrons, quand nous pourrons rencontrer ce partenaire…
Frédéric, lui, prône la pensée stoïcienne : agissons sur ce sur quoi nous pouvons agir.
Si nous ne pouvons pas entrer dans la tête de nos futurs investisseurs ou accélérer le temps pour faire avancer notre crowdfunding, nous pouvons en revanche nous sécuriser financièrement (et psychologiquement).
Dans cette optique, vous pouvez essayer de trouver une mission qui vous enlève la charge mentale du loyer et des factures, ou bien essayer d’obtenir un temps partiel ou un 4/5ème dans votre entreprise ou encore, faire financer votre formation.
De cette manière, vous cultivez votre projet, sans être dans le stress et la précipitation.
In fine, toutes ces options vous permettent de mettre un pied dans le bassin, d’acquérir des connaissances, sans vous mettre en péril pour autant.
Durant ce laps de temps, si vous en avez la possibilité, essayez de mettre de côté quelques mois de loyer en prévisionnel. Cela vous permettra de prévoir le coup au cas où le lancement de votre activité met plus de temps que prévu !
Pour réussir à prendre ce temps, un conseil : arrêtez la projection.
Conseil nº 2 : N’idéalisez pas votre idée de la réussite
En tant que formateurs, nous constatons parfois la déception chez certains porteurs de projets.
Il peut arriver, comme évoqué à l’instant, que nous devions trouver une mission en parallèle, le temps de pouvoir nous lancer corps et âme dans l’aventure.
Seul hic : cela vient entraver l’idée que nous nous faisons de l'entrepreneuriat. Comme si les choses devaient arriver vite, à l’image de ces combats de performeurs grecs que nous décrivions en début d’épisode.
Pour beaucoup d’entre nous, accepter que les choses prennent du temps, cela voudrait dire que nous ne sommes qu’à moitié performants, que nous n’arrivons pas à mobiliser suffisamment de ressources rapidement.
Et si nous arrêtions de nous mettre cette pression constamment et de fantasmer une certaine vision des entrepreneurs ?
Oui, il arrive que certains projets explosent d’un coup, par magie, mais quel pourcentage cela représente-t-il parmi toutes les idées qui émergent sur Terre ? Un petit montant, à notre sens.
Pour démystifier cette idée, n’hésitez pas à vous entourer, à rencontrer des porteuses et porteurs de projets autour de vous. Vous constaterez bien assez vite que bon nombre d’entre eux vivent les mêmes étapes que vous, sur un temps plus ou moins long.
Conseil nº 3 : Demandez un avis (ou plusieurs)
Si votre projet ne vous semble pas mûr, plutôt que de vous imposer — de nouveau — cette injonction à la performance, ralentissez deux minutes.
Petite piqûre de rappel : vous n’avez pas de train à prendre et vous n’opérez pas à cœur ouvert.
Certes, nous sommes toutes et tous impatients à l’idée de lancer notre idée sur le marché, mais si nous avons quelques doutes, il peut être judicieux de nous adresser à des professionnels et leur demander leur avis sur le sujet.
Le but ? Vous aider à évaluer où en est votre projet, son degré de maturité, s’il est en adéquation avec la demande de votre audience, etc.
Chez LiveMentor, nous avons accompagné près de 30 000 projets et nous sommes bien placés pour vous dire que parfois, il est bon de patienter quelques mois de plus, pour vous garantir d’avoir une activité bien ficelée.
Profitez de cet accompagnement pour poser toutes les questions qui vous viennent en tête, envoyez un, deux, trois, versions de votre plaquette de présentation. L’essentiel étant qu’au bout de ce chemin, vous puissiez partir sur une base solide.
Bon à savoir : sachez qu’il existe des solutions pour financer votre formation. On vous en dit plus dans cet article !
Et pendant que vous mûrissez cette réflexion, nous vous recommandons chaudement le bilan de compétences, proposé par Garance & Moi.
Et vous, en combien de temps avez-vous changé de métier ou développé votre nouvelle activité ?
Avez-vous rencontré des difficultés, vous êtes-vous fait accompagner ? Nous serions curieux d’en savoir plus !
À dans deux semaines pour un prochain épisode,
La rédaction Mission : Reconversion !
Un mardi sur deux, un email pour réussir une reconversion professionnelle dans votre zone de génie
Démarrer une nouvelle vie, c’est possible ! Dans cette newsletter, nous vous partageons des outils éprouvés pour trouver vos forces, faire disparaître la peur d’échouer et construire un projet aligné avec vos valeurs.
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