Mardi 30 Juillet 2024
Bore-out : pourquoi l’ennui nous fait-il si mal ?
Il y a quelques jours, nous avons entendu une phrase qui nous a marqué au point de vouloir en faire le sujet de cet épisode.
L’une des personnes que nous accompagnons chez LiveMentor dans le cadre de nos formations, s’est exclamée : “Au boulot, c’est pire que tout, je n’ai absolument rien à faire. Je crois que je préférerais encore être débordée… C’est une torture !”
Vous vous demandez peut-être : est-ce vraiment si terrible que ça de s’ennuyer au travail ?
En réalité oui, nous confirment Peter Werder et Philippe Rothlin, deux consultants suisses qui ont théorisé le concept de “bore-out” en 2007, une souffrance professionnelle causée par l’ennui et le manque de stimulation au travail.
Contrairement au “burn-out” (dont on vous parlait dans le précédent épisode de Mission Reconversion), généré par une surcharge de travail et un excès de stress, le bore-out est le résultat d’un sous-emploi.
Et, aussi étonnant que cela puisse paraître, ses conséquences sont assez proches de celles du burn-out : fatigue intense, problèmes de santé physique et/ou mentale… Oui, l’ennui peut parfois être notre pire ennemi !
Ces symptômes pourraient également être attribués à la perte de sens dans notre travail et à la sensation d'inutilité, un phénomène désigné par le terme "brown-out".
Ce sentiment survient lorsque nous perdons notre motivation, estimant que les tâches que nous accomplissons sont inutiles ou éthiquement discutables. L'anthropologue David Graeber qualifie ce type d'emploi de "bullshit job", que l’on pourrait traduire par : “métier à la con”.
Les “bullshit jobs”, ce sont ces emplois vitrines qui n’apportent aucune contribution significative à la société et dans lesquels, bien souvent, nous nous ennuyons fortement. En somme, des coquilles vides qui ne nous donnent aucun sentiment de valeur.
Vous vous reconnaissez dans cette description ou bien avez peur de vivre ça au travail ?
Chez LiveMentor, nous pensons que rien n’est figé dans le marbre et qu’il est toujours possible de faire bouger les lignes, que l'on soit entrepreneur, salarié ou en reconversion.
Voilà pourquoi nous vous proposons aujourd’hui, en partenariat avec Garance & Moi, de découvrir une panoplie d’outils et de solutions, pour vous aider à reprendre les rênes, à travers un plan d’action bien ficelé.
Cultiver sa créativité, développer ses compétences, entreprendre de nouveaux projets… Le champ des possibles est vaste ! On vous en donne un aperçu.
Le bore-out ou la culture du vide
D'après un baromètre lancé par l’agence Ignition Program en 2024, 40% des salariés ressentiraient des symptômes de souffrance au travail dans l'Hexagone. Cette situation peut être attribuée à une surcharge de tâches, à un environnement stressant, à la présence d'un supérieur hiérarchique toxique, ou encore à une inactivité totale.
Nos amis Werder et Rothlin, dont on vous parlait en préambule, ont abordé cette question dans leur ouvrage Diagnosis Boreout, publié en 2007.
Selon eux, le bore-out se manifeste lorsque nous sommes assignés à des tâches dépourvues de sens ou lorsque nous sommes complètement exempts de responsabilités. Pour certains salariés, c'est le vide intersidéral…
Pourquoi l’ennui nous épuise-t-il mentalement et physiquement ?
Dans le podcast Travail (en cours), qui décrypte nos univers professionnels, Jeanne se livre sur l’ennui qu’elle a expérimenté au travail.
La jeune femme nous raconte comment cette inactivité l’a plongée dans un état d'épuisement et de lassitude intense. Son poste était en train, progressivement, de disparaître.
“Ça a duré un an et demi. C'était un marathon de l'ennui. Je n’avais absolument plus rien à faire. Je n’avais aucun mail, je rentrais chez moi le soir, je n'avais rien fait et j'étais épuisée. En fait, j'étais un peu anesthésiée. C'était peut-être lié au fait de ne pas être suffisamment stimulée intellectuellement, de ne pas être active, de ne pas aller en réunion, ne pas avoir d'interactions… Je pense que ça ramollit complètement et ça fatigue vachement. C'est un état physique vraiment bizarre que je ne connaissais pas.“
Ce ressenti que nous décrit Jeanne a été conceptualisé par Christian Bourion, l'économiste et auteur du livre Bore-out syndrom. Interrogé dans ce même podcast, il nous explique qu’il s'agit d'une souffrance qui “déstructure la personnalité”.
Nous sommes habitués, en raison du fonctionnement de notre société, à être en mouvement constant : partir en vacances, voir nos amis, regarder des films, consommer des contenus sur les réseaux sociaux, faire du sport… Notre cerveau est ainsi en activité permanente.
Dans le cadre professionnel, le même schéma se reproduit : nombreux sont ceux parmi nous qui ont passé des examens, des concours, et des entretiens de recrutement afin d'obtenir un emploi correspondant à nos attentes. En somme, nous avons mobilisé notre matière grise dans l'espoir de trouver un travail nous offrant l'opportunité de continuer à l'exploiter pleinement.
Par conséquent, lorsque nous évoluons dans un environnement qui nous met totalement à l'arrêt, cela crée un choc, car la rupture est trop brutale pour notre cerveau.
“C'est une souffrance terrible de s'ennuyer et de ne rien faire. Le cerveau a besoin d'être nourri. Si vous vous arrêtez d'un seul coup, c'est à peu près comme le fumeur qui arrête de fumer, c'est quelque chose d’épouvantable qui se produit.“, explique l'auteur Christian Bourion.
Nous ferions tout pour échapper à l'ennui et c'est scientifiquement prouvé
Selon une étude publiée par des universités de Virginia et d’Harvard, nous serions prêts à tout pour éviter l'ennui, tellement il nous est insupportable.
Les chercheurs ont fait une expérience en laissant les participants seuls dans une pièce, de 6 à 15 minutes, privés de lecture, de musique, de possibilité d'écrire ou encore d'accéder à leur smartphone. En bref, les personnes étaient livrées à elles-mêmes, face à leurs pensées.
Les chercheurs ont alors poussé l'expérience en demandant à ces personnes si elles préféraient faire quelque chose de désagréable, comme recevoir un choc électrique pour faire passer le temps plus vite, plutôt que de rester dans cet état.
Bilan des courses : la moitié des personnes interrogées a préféré recevoir la décharge ! Autrement dit, nous préférons être dans un état de grand inconfort plutôt que de n'avoir rien à faire.
Christian Bourion nous alerte par ailleurs sur le danger de l'inactivité : "Le cerveau est une machine qui s'use quand on ne s'en sert pas." Nous avons donc besoin de le stimuler, au risque de l’altérer.
Alors comment réactiver nos neurones et désenclencher la machine bore-out ?
Nous vous le disions en introduction, nous ne croyons pas à la fatalité.
Voici donc quelques recommandations pour retrouver du sens et de l'activité au travail.
👉️ Conseil numéro 1 : brisez le tabou de l'ennui
Une question nous brûle les lèvres : pourquoi a-t-il fallu attendre les années 2000 pour parler de bore-out ? Et pourquoi en parle-t-on, globalement, encore assez peu ?
Peut-être parce que dire que l'on s'ennuie au travail, c’est assez mal perçu.
Si le burn-out est une maladie officiellement reconnue par l’OMS et qu’il fait l’objet d’une prévention croissante dans nos univers professionnels, c’est une autre paire de manches pour le bore-out.
Dans une société affectée par la crise économique et notamment le chômage, “il n'est pas politiquement correct d'avouer s'ennuyer au travail. Vous risquez de vous retrouver confronté à l’incompréhension, voire au dénigrement des autres qui considèrent que vous avez de la chance d'avoir un travail et un salaire” nous explique la coach Caroline Degrave, sur son site.
Pourtant, avoir un travail et un salaire ne suffisent pas à nous rendre heureux.
Nous ne le répéterons jamais assez : nous avons besoin de stimulation.
Il est donc indispensable de briser le tabou de l'ennui, même si cela n'est pas évident en société. Plus vous garderez votre mal-être pour vous, par crainte du jugement de vos collègues, plus l'ennui risque de vous affecter.
Bien sûr, il ne s’agit pas de sauter dans le vide sans filet de sécurité !
Commencez par choisir un collègue de confiance ou, si vous êtes auto-entrepreneur et que votre activité est au point mort, confiez-vous à une personne proche dont vous êtes certain qu'elle fera preuve de bienveillance.
Vous pouvez également vous faire accompagner par une personne neutre, comme un thérapeute. Il est souvent plus aisé de se confier à une personne qui ne nous connaît pas de la même manière que nos amis et qui saura nous offrir une perspective différente.
Saviez-vous qu'il existe des coachs pour entrepreneurs, pour les aider à atteindre leurs objectifs et développer leurs aptitudes ? LiveMentor nous en parle juste ici !
👉️ Conseil numéro 2 : stimulez votre créativité
En lisant le numéro 25 du magazine Odyssées, consacré à la créativité, nous avons été particulièrement inspirés. Être créatif, cela signifie activer la part d'imaginaire et de rêve de son cerveau, le faire sortir du cadre pour créer quelque chose.
En faisant marcher la part créative de notre cerveau, nous le remettons en marche, en lui demandant d’aller inventer, concevoir, dessiner un univers.
Pour booster notre créativité, Odyssées nous livre un exercice très simple à faire chez soi.
Prenez une feuille blanche et placez votre CV à côté. Pliez votre feuille A4 en 2 et tracez un carré au niveau de la partie gauche.
Puis, fermez les yeux et visualisez votre CV actuel : quels mots /idées apparaissent dans votre esprit ? Écrivez-en 5 sur la partie gauche de votre feuille. Généralement, nous y mettons des choses assez classiques (nos formations, nos skills tels que les langues, la maîtrise de logiciel, etc.)
A présent, tracez un rond sur la partie droite et indiquez 5 choses que vous n'auriez pas osé mettre, car cela vous paraît inadéquat (un objet que vous adorez, votre compte Instagram, le dernier livre que vous avez dévoré…).
Examinez attentivement les éléments que vous venez de lister. Que disent-ils de vous ? En réalité, plein de choses ! Vous êtes fan de voyages en sac à dos ? Votre compte Instagram montre que vous aimez l'aventure et que vous osez sortir des sentiers battus ! Vous aimez lire de la science-fiction ? Cela signifie probablement que vous ne manquez pas d'imagination !
Enfin, comparez les deux côtés de votre feuille et commencez à faire des ponts entre la partie normative et celle qui correspond davantage à vos aspirations cachées. Vous réaliserez qu'il y a plein de possibilités que vous n'avez pas explorées dans votre univers professionnel.
Vous pourrez ainsi suggérer, lorsque cela est possible, de nouvelles missions encore inenvisagées dans votre travail ou, pourquoi pas, examiner la piste d'une reconversion professionnelle en entamant une formation, vers un métier qui vous ressemble et vous anime.
Besoin d’un petit coup de pouce pour entamer cette réflexion ? Le bilan de compétences peut vous aider à poser les premiers jalons !
J'entame mon bilan de compétences
👉️ Conseil numéro 3 : prenez du recul sur vous-même
À force de n'avoir rien à faire au travail et de ne plus trouver de sens à nos activités, nous finissons par nous dévaloriser complètement.
“L’ennui au travail peut conduire à une faible estime de soi et une perte de confiance. Démotivation, anxiété, isolement… La personne concernée se sent inutile et peut ainsi glisser lentement vers la dépression.” alerte Caroline Degrave.
Certains, à force de se sentir inutiles, finissent par croire (à tort) que si on ne leur donne rien à faire, c'est parce qu'ils n'en valent pas la peine.
Comment faire pour reprendre confiance en soi ?
Commencez par prendre du recul. “Considérez l'ensemble de votre parcours professionnel et retenez les résultats que vous avez obtenus ou permis. Reprenez bien conscience de toutes les compétences que vous avez. Nommez vos plus grandes forces.” poursuit la coach.
Essayez de visualiser le bore-out comme un écran de fumée qui brouille totalement l'estime que vous avez de vous et qui, à force de vous épuiser, vous en fait oublier toutes les compétences dont vous disposez.
Rappelez-vous l'énergie que vous avez déployée pour obtenir ce travail ou cette mission, remémorez-vous toutes ces présentations effectuées durant vos études ou lors de vos jobs précédents, gardez en tête cette recette concoctée le weekend dernier qui a épaté tous vos amis.
Bref, rappelez-vous que derrière le brouillard qui embrume votre esprit se trouve une personne qui dispose de nombreuses qualités.
Et si vous n'arrivez pas à le faire en solitaire, demandez à vos proches de vous rafraîchir la mémoire ! Ne sous-estimez jamais le pouvoir de votre entourage…
À vous la parole, dites-nous ce que vous avez mis en place pour vaincre l'ennui (reconversion professionnelle, nouveau projet, aventure entrepreneuriale…) et reprendre confiance en vous !
Nous avons déjà hâte de vous retrouver pour le prochain épisode :)
À très vite,
La rédaction Mission : Reconversion !
Un mardi sur deux, un email pour réussir une reconversion professionnelle dans votre zone de génie
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